Bamako, Mai 2016, 49° à l'ombre.

 

La canicule et les conflits au nord du Mali pèsent sur la ville.

L'objectif de mon voyage consistait à prendre du recul, m'isoler. L'air poussiéreux et la chaleur étouffante m'obligent à rester confinée. Telle un cloître de monastère, la cour de la maison familiale devient le centre de mon attention, et je me laisse aller aux petites scènes de vies qui m'entourent.

 

Ici à l'ombre des manguiers, dont les feuilles ne bougent pas et dont les fruits sont prêts à tomber, la vie suit son cours. Cet espace est un microcosme, un lieu de passages, et de vie familiale.

 

Les femmes de la maison sont confrontées à trois problématiques. Le travail, les tâches ménagères, et la chaleur envahissante. Leur quotidien est rythmé par la lessive, dès 5h du matin,

pour éviter les heures chaudes de la journée.

 

Puis suivent les courses au marché, la préparation des repas, au charbon, pour 8 personnes, la vaisselle...

 

Elles doivent s'occuper des enfants tout en préparant les jus de fruits, et les glaces qu'elles vendront au voisinage.

Ce qui me frappe en voyant ces femmes, c'est leur habileté à enchaîner toutes ces activités avec flegme

malgré la charge de travail.

 

Personne ne se plaint, tout le monde a le sourire,

la joie de vivre est là, et cela ressort sur les visages des enfants.

Leurs joies, leurs cris, leurs pleurs, sont ici vécues pleinement, loin du contexte difficile qui les entoure. Seul le présent compte pour eux, une leçon de vie pour moi.

 

Sosso, Bassolo, Soumi et les autres paraissaient chaque jour plus adultes, mais offraient leur amour d'enfant sans contre-parties.

 

Toutes ces femmes sont désormais mes soeurs, cette petite communauté ma famille, et ces moments

dans cette cour de Bamako resteront à jamais gravés sur pellicule.

 

Sarah Neffe